Reportage photo journalistique – Exploitation minière du lithium en Argentine – Enjeu écologique
L’impact de l’exploitation du lithium sur le mode de vie des populations autochtones de l’Altiplano argentin est réel. L’activité minière provoque un désastre environnemental et humain par une consommation excessive d’eau. Mais paradoxalement, cette activité fait vivre une partie de la population.
Photo reporter de presse, je suis allé en janvier 2023 dans la Puna argentina documenter les retentissements de l’extraction de cet or blanc
1-synopsis
« Le lithium c’est l’argent d’aujourd’hui mais la faim de demain », s’exclame scandalisée Mirta Alancay, 37 ans, membre de la communauté aborigène de Aguas blancas, travailleuse du sel, éleveuse de lamas et serveuse dans un hôtel.
L’exploitation minière du lithium signifie un pompage énorme d’eau qui amplifie la sécheresse due au dérèglement climatique.
Les peuples autochtones peinent à assurer leurs activités ancestrales de cultures agricoles et d’élevage.
Ces communautés font face à de grandes difficultés pour assurer leurs besoins quotidiens en eau.
L’assèchement prévu des salars laisse prévoir la fin de l’exploitation millénaire du sel.
Les territoires sacrés et le culte des ancêtres sont voués à disparaitre par l’installation des compagnies minières.
La biodiversité de l’Altiplano disparait peut à peu.
Les communautés indigènes et les organismes s’opposant aux usines d’extraction de lithium sont de plus en plus nombreux.
Cependant, une grande partie de la population ignore le retentissement écologique et se laisse convaincre par les propositions d’un avenir propice promis par les investisseurs étrangers. Certaines villes minières de la Puna connaissent un essor social et économique fulgurant.
L’Argentine, avec environ 17 millions de tonnes, possède l’une des plus grandes réserves au monde de lithium.
C’est le quatrième producteur mondial avec plus de 40 projets miniers en cours. Environ 30 000 tonnes de minerai ont été exportées en 2021, pour un montant de près de 196 millions d’euros, principalement vers les États-Unis, le Japon, la Chine et la Corée du Sud. Le prix du minerai est passé de 5.700 dollars la tonne en novembre 2020 à 60.500 en septembre 2022, selon l’agence Benchmark Mineral Intelligence. D’ici 2030, la production mondiale de lithium devrait dépasser deux millions de tonnes.
2-quelques chiffres
Pour produire une tonne de carbonate de lithium, environ deux million de litres de saumure sont évaporés et 30 000 litres d’eau douce sont utilisés. La compagnie américaine Livent produit officiellement 17 000 tonnes de lithium par an et puise 900 000 litres d’eau par heure. 1 a 3 pour cent des revenus reviennent à l’administration de Catamarca. Elle emploie 24 travailleurs d’Antofagasta de la Sierra.
3-quelques témoignages
Luis Gomez Almaraz, ministre des affaires indigènes de Salta explique : « L’état se met dans la peau des indigènes pour respecter leur cosmogonie, leurs traditions. Il veille à ce que les accords signés avec les compagnies minières soient respectés ».
Tadeo Cruz, 40 ans, Susques, possède une entreprise de transport avec 3 camions. Originaire de la ville de Puesto 6, dans le département de Susques il assure le transport de la chaux pour la Mina Exar. Le chef d’entreprise affirme que « l’extraction du lithium, depuis 8 ans d’activité dans la région, ne produit aucun effet de sécheresse ni de pénurie. Les pluies compensent l’eau puisées par les mines. Seuls les gens opposés aux mines pense que l’eau manque« .
Elvio Alejo, 32 ans, chef de la communauté Sector 6, Susques, déclare que « les avantages de travailler avec l’usine de lithium sont le développement économique, social et démographique de la région. Le coté négatif est que les gens délaissent l’agriculture, une activité ancestrale, pour aller travailler à la mine, activité beaucoup plus rémunératrice ».
Iber Sarapura, 31 ans, communauté aborigène de Alfarcito, confie : « Nous refusons catégoriquement tout projet minier qui détruirait l’environnement en pompant l’eau. Les effets du changement climatique sont visibles depuis une quinzaine d’année. L’eau est nécessaire à notre vie, agriculture, élevage et projets touristiques. Nous devons penser à l’avenir et aux générations futures plutôt que de profiter des avantages financiers immédiats. Mais le gouvernement a vendu des terres sans nous prévenir ni nous consulter pour exploitation du lithium. Il nous ignore complètement ».
Le cacique Guitian Roman, 50 ans, Antofogasta de la Sierra raconte que « La famille Condori vivait dans la Vega Trapiche, asséchée suite au pompage de 380000 litres d’eau par heure pendant 25 ans par la compagnie minière Livent. Cette famille a du fuir vers la ville. Un fils est mort, un autre est malade et 900 têtes de bétail ont péri. Le troisième fils, en compensation, a accepté une proposition de travail de la compagnie Livent ».
4-si ce documentaire photographique vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter je vous répondrai avec plaisir.
Photographies